L’opposition, une faiblesse?
Au cours des innombrables processus d’apprentissage qu’il traverse, un enfant est régulièrement confronté à la frustration, ce qui peut se manifester sous forme d’agressivité, de colère et d’opposition. De tels sentiments sont justifiés et importants et les parents peuvent apprendre à les gérer avec sérénité.
Combien de fois par jour, les parents et autres personnes impliquées dans l’éducation d’un enfant lui disent «Ne te mets pas en colère comme ça!» et tentent de le calmer? Mais de cette manière, ils ignorent un véritable sentiment, ce qui favorise généralement l’expression destructrice de l’agressivité. Le fait que les adultes soient aussi souvent indifférents à l’agressivité est probablement dû au fait que la colère, l’irascibilité, l’agressivité et l’opposition sont considérées comme étant négatives. Pourtant, ces sentiments font partie des émotions de base au même titre que l’amour, la joie et la tristesse, et il est juste d’exprimer ces sentiments. Simplement, il faut veiller à ce que les enfants aient la possibilité d’exprimer leur colère de manière constructive. Alors, comment les parents devraient-ils gérer les crises de colère et d’opposition de leurs jeunes enfants?
Tout d’abord, il est important d’avoir une acceptation fondamentale de tous les sentiments, car ils ne sont ni bons ni mauvais, mais l’expression sensée d’informations pertinentes. En réagissant calmement en lui disant «Je remarque que tu es en colère», vous pouvez faire comprendre à votre petit garnement que vous percevez ses sentiments et les prenez au sérieux. Souvent, les jeunes enfants ont simplement besoin de cette perception et prise au sérieux pour se calmer. Le thérapeute familial Jesper Juul décrit ce processus comme un «conflit sain». Lorsque les parents ne supportent pas de voir leur enfant frustré et en colère, ils interrompent ce processus majeur. Nombre de parents souhaitent éviter ces sentiments «négatifs» chez leur enfant pour avoir à nouveau l’enfant heureux et content devant eux. Ils cèdent à leur enfant en colère alors qu’ils savent que ce n’est pas la bonne solution.
Il est généralement recommandé de prendre du recul et d’attendre que la tempête émotionnelle se soit un peu apaisée pour engager un dialogue ouvert avec l’enfant et tenter de comprendre ce qui a causé sa contrariété, sa colère ou son opposition. Si, au contraire, vous prenez parti, jugez, faites la morale ou des reproches, la détresse de l’enfant grandira, ce qui intensifiera son comportement. Un enfant qui a le droit d’exprimer tous ses sentiments sans qu’il soit jugé et qui sait qu’il est écouté et compris, ne ressentira pas le besoin de faire une crise pour attirer l’attention sur ses besoins existentiels. Paradoxalement, ce n’est en effet pas la tabouisation mais l’acceptation de la colère qui conduit à moins de violence. L’expression de sentiments agressifs fait partie du répertoire «normal» de comportements humains. Seuls la tabouisation et le mépris conduisent à des formes destructives comme la violence. Offrons donc aux enfants, à la maison et à l’école, la possibilité d’être comme ils sont vraiment et de montrer leurs sentiments, qu’ils soient beaux, douloureux ou déroutants. Aidons-les à faire la différence entre ce qu’ils ressentent et ce qu’ils font, afin qu’ils apprennent à prendre des responsabilités dans leurs relations avec eux-mêmes et les autres. Cela demande des règles, une bonne dose de fermeté et de cohérence, une communication bienveillante ainsi qu’une attitude calme et posée.